Effacer ou modifier une sauvegarde peut s’avérer impossible, même avec des droits administrateurs, si le système a été configuré selon certains standards. Des entreprises découvrent que des cyberattaques récentes ne parviennent plus à compromettre leur réserve de données, malgré l’utilisation de malwares sophistiqués.
Cette approche, validée par des réglementations sectorielles strictes, bouleverse les stratégies classiques de protection informatique. Les équipes IT doivent adapter leurs pratiques et anticiper des contraintes techniques inédites pour garantir la continuité et l’intégrité des systèmes.
Sauvegarde immuable : un rempart face aux menaces modernes
La sauvegarde immuable s’impose aujourd’hui comme une barrière efficace face à l’escalade des attaques informatiques. Les ransomwares visent en priorité les copies de sauvegarde, cherchant à priver une organisation de tout moyen de restauration. Les méthodes traditionnelles montrent vite leurs limites : même une sauvegarde déportée peut être détruite, corrompue, ou disparaître à cause d’une simple erreur humaine. Les rapports de compromissions sont éloquents : dans la majorité des cas, la suppression des sauvegardes accessibles précède l’attaque.
Le principe d’inaltérabilité vient changer la donne. À partir du moment où les données sont écrites, elles restent verrouillées pour une durée fixée d’avance, hors d’atteinte de toute modification ou suppression, même par un administrateur. Ce verrouillage technique bloque la plupart des tentatives d’effacement malveillant et réduit la surface d’attaque interne. Les erreurs humaines, souvent sous-évaluées, figurent aussi parmi les origines principales de sinistres numériques. Un geste maladroit, une commande exécutée trop vite, et des mois de travail s’évaporent. La sauvegarde immuable, c’est la garantie que ces données resteront accessibles, quoi qu’il arrive.
Voici les points forts de l’approche immuable, qui expliquent son adoption rapide :
- Protection contre le ransomware : même les cybercriminels les plus déterminés ne peuvent effacer les copies sauvegardées.
- Garantie face à l’erreur humaine : la suppression involontaire d’une sauvegarde n’est plus possible.
- Bouclier contre la menace interne : les privilèges d’accès ne suffisent plus à manipuler ou supprimer les sauvegardes verrouillées.
La cyber résilience des entreprises s’appuie désormais sur cette capacité à verrouiller durablement les sauvegardes. Les équipes IT revoient leurs processus pour intégrer ces mécanismes, anticipant autant les attaques que les imprévus du quotidien.
Comprendre l’immuabilité des sauvegardes : principes et fonctionnement
L’immuabilité d’une sauvegarde ne relève pas du discours commercial, mais d’une réalité technique précise. Elle repose sur le principe WORM, Write Once Read Many. Une fois stockées, les données restent inaltérables pendant toute la durée de rétention choisie. Aucun administrateur, aucune action humaine ou attaque logicielle ne peut les modifier, supprimer ou altérer. Cette caractéristique répond à un besoin pressant : garder des données intègres et disponibles même en cas de sinistre.
Le déploiement de cette stratégie s’appuie sur plusieurs solutions éprouvées. Les politiques de rétention déterminent, pour chaque jeu de données, la durée pendant laquelle celles-ci resteront verrouillées. Les systèmes modernes utilisent le stockage d’objets, qu’il soit local, hébergé dans le cloud ou via des solutions NAS adaptées, pour conserver ces copies inviolables. Le versioning, qui consiste à créer une nouvelle version à chaque modification, offre une sécurité supplémentaire : l’original reste toujours intact. L’authentification multifacteur (MFA) et la géo-répartition des données viennent renforcer la protection des accès et la capacité à faire face à un incident local.
La règle 3-2-1-1-0 structure la stratégie globale : trois copies de chaque donnée, sur deux types de supports différents, une copie hébergée hors site, une copie immuable, aucun défaut détecté après vérification. Les certifications telles que HDS ou ISO 27001 attestent du sérieux des prestataires. Parmi les technologies émergentes, la blockchain et le modèle Zero Trust offrent une traçabilité renforcée et une confiance accrue dans tout le processus de stockage.
Le chiffrement des données préserve la confidentialité, même en cas d’accès physique au support. En combinant verrouillage, répartition, certification et cryptographie, on construit une protection solide contre toute forme de perte ou de compromission des informations sensibles.
Quels bénéfices concrets pour les entreprises et les organisations ?
La sauvegarde immuable s’impose comme une barrière contre les risques qui pèsent sur la sécurité des données. Les attaques de ransomware s’attaquent d’abord aux sauvegardes, cherchant à priver l’entreprise de toute capacité de restauration. Une sauvegarde inaltérable, même pour l’administrateur, assure la disponibilité des informations en cas d’incident grave.
Dans les secteurs où la conformité réglementaire est stricte, santé, finance, juridique, administrations,, cette approche s’est largement imposée. La réglementation impose souvent de conserver les données sans qu’elles puissent être modifiées sur des périodes précises. Cette stratégie facilite aussi l’auditabilité : chaque action, chaque accès laisse une trace, renforçant la traçabilité et la confiance des partenaires.
Mais l’impact va au-delà de la conformité. Pour toutes les organisations, la sauvegarde immuable limite l’impact d’une erreur humaine ou d’un acte malveillant. Un fichier effacé accidentellement ou une tentative de sabotage n’entraînera plus de perte irrémédiable : la récupération reste possible, sans délai ni concession.
Concrètement, voici comment différents secteurs bénéficient de cette approche :
- Établissements de santé : protection des dossiers patients et respect des exigences HDS.
- Services financiers : sécurisation des historiques de transactions face à tout incident.
- Cabinets juridiques : conservation des documents à valeur légale, sans risque d’altération.
- Entreprises SaaS et secteur public : limitation des interruptions de service et des pertes de données.
Le coût d’un stockage immuable reste supérieur à celui d’une solution classique, mais il s’explique par la réduction du risque : moins d’interruptions, moins de pertes, moins de conséquences désastreuses. Les dirigeants et responsables IT y voient désormais un levier décisif pour renforcer la cyber résilience et assurer la continuité de l’activité.
Mettre en place une sauvegarde immuable : étapes clés et conseils pratiques
Mettre en place une sauvegarde immuable demande d’abord de choisir une solution compatible avec l’environnement technique en place. Plusieurs éditeurs proposent des modules ou fonctionnalités dédiés à l’immutabilité, comme Veeam, Rubrik, Bacula, Leviia Storage, Ootbi (Object First), Zmanda, Hornetsecurity, NAKIVO ou Commvault. Le stockage peut être local, dans le cloud, ou hybride, avec des options telles que AWS S3, Microsoft Azure ou Wasabi Cloud. Le choix dépend du niveau d’exigence en matière de confidentialité et des politiques de souveraineté des données.
La configuration technique repose sur le mode WORM (Write Once, Read Many) : une fois la donnée enregistrée, elle reste intouchable jusqu’à la fin de la période de rétention. Il est nécessaire de définir des politiques de rétention alignées sur les besoins métiers et les obligations réglementaires. L’intégration du versioning permet de disposer, à tout moment, de plusieurs états successifs pour chaque fichier, ce qui optimise la restauration en cas d’incident.
Pour renforcer la sécurité, l’authentification multifacteur (MFA/2FA) doit être activée. La géo-répartition des données réduit l’exposition aux incidents locaux et améliore la reprise d’activité en cas de crise. Les certifications HDS et ISO 27001 viennent attester de la conformité aux exigences sectorielles.
L’élaboration d’un plan de reprise d’activité (PRA) intégrant la restauration à partir de sauvegardes immuables est incontournable. Tester régulièrement l’efficacité de ces procédures garantit que la résilience sera bien au rendez-vous le jour venu. La réussite de l’implémentation repose sur une collaboration étroite entre la DSI, les équipes métiers et les responsables sécurité.
À mesure que les menaces évoluent, la sauvegarde immuable cesse d’être un luxe pour devenir un standard. La prochaine panne, attaque ou erreur humaine n’aura plus le dernier mot : ce sont vos données qui décideront de leur sort.


